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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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22 octobre 2009

The future is unexpected (1)

Il y a quelques temps, un des lecteurs de ce blog m'a signalé l'article suivant de Paul Krugman, un essai un peu dans l'esprit de mes carbon fictions mais focalisé sur l'évolution des métiers au cours du 21ème siècle sous l'effet de la pression environnementale d'une part et de l'évolution des technologies d'autre part.

Comme beaucoup d'enfants de la fin du 20ème siècle, j'ai imaginé un futur débarassé des métiers tournés vers la transformation ou la production d'objets matériels qui seraient largement automatisés. Grace aux machines, fini les taches pénibles et répétitives! En parallèle, le développement des ordinateurs promettait une multiplication sans précédent de nos capacités de traitement de l'information. Débarassés de la servitude matérielle, accédant à une puissance de traitement quasi illimitée, nous allions pour sur accéder à une nouvelle ère centrée sur la culture, les arts, les sciences et l'épanouissement personnel. 

space_station_furniture

Près de quarante ans après, le futur ne ressemble pas à cela...

Certes, la puissance de traitement des ordinateurs a augmenté considérablement (plus d'un million de fois). Certes nombre de nos machines et outils de production feraient réver n'importe quel industriel des années 70. Mais le rève d'une tertiarisation dans l'abondance semble s'être perdu en route. Là où il y a 50 ans une fraction significative d'une classe d'age trimait dur dans l'agriculture ou dans les usines, nous trouvons maintenant des étudiants ou des employés de bureau, des commercants etc. Leurs corps souffrent certes moins mais beaucoup ne baignent ni dans l'aisance ni dans la sécurité matérielle. 

Quelque chose nous a échappé... Mais quoi ?

Selon Paul Krugman, deux causes principales expliquent ce phénomène. La première c'est une loi de base de l'économie qui nous dit que ce qui est abondant ou facile à produire n'est pas cher:

"A world awash in information will be a world in which information per se has very little market value. And in general when the economy becomes extremely good at doing something, that activity becomes less rather than more important. Late 20th-century America was supremely efficient at growing food; that was why it had hardly any farmers. Late 21st-century America is supremely efficient at processing routine information; that is why the traditional white-collar worker has virtually disappeared from the scene."

Je n'irais pas jusqu'à parier un verre de Coca-Cola sur tout ce qu'il dit, en particulier la disparition des "cols blancs" que je vois mal à court terme. Mais il y a du vrai dans le diagnostic. 

Mon colocataire est un exemple de ce qu'il décrit: il travaille comme téléconseiller sur une plateforme téléphonique et dans cette branche les salaires sont plus proches du SMIC que du médian et la pression au travail bien présente. Et c'est effectivement un exemple de boulot où l'on doit traiter un grand nombre de "dossiers" assez similaire: on est en plein dans le traitement routinier de l'information et l'objectif des employeurs c'est de minimiser le cout là dessus. Si on extrapole, un certain nombre de métiers de ce type vont probablement disparaitre comme les paysans du fait de la mécanisation ou des ouvriers du fait de la délocation et de la robotisation. D'ici quelques années, il sera en effet possible de mener à bien un certain nombre d'opérations simples par téléphone avec un automate dont le comportement sera tel qu'il sera difficile à distinguer d'un être humain.

L'autre cause avancée par Krugman, c'est une autre loi de l'économie: ce qui est rare ou difficile à produire est cher...

Je l'ai déjà dit maintes fois sur ce blog mais au cours de ce siècle, nous allons assister à une raréfaction d'un certain nombre de matières premières et des denrées agricoles. Cela va forcément entrainer une revalorisation des métiers liés à l'extraction et la transformation de celles ci ainsi qu'à la production de denrées agricoles.

Dans le seceur agricole, l'alimentation bio ainsi que l'explosion prévisible du prix des engrais (produits à partir d'hydrocarbures) va à mon avis entraîner un "retour à la terre" d'abord volontaire ("vive le bio") puis au fil du temps, nettement moins volontaire (il faudra bien compenser la baisse des rendements agricoles entrainée par le réchauffement climatique puis par la fin des engrais chimiques pas chers)...

China_Usine_OuvriersL'industrie n'échappera pas à cette tendance. En effet, la réalité que nous occultons tous c'est que depuis 15 ans, nous avons construit notre confort matériel sur une désinflation qui trouve son origine dans l'exploitation intensive d'environ 300 millions de paysans chinois dans des usines. Mais la Chine change... Les enfants de ces ouvriers ne voudront pas vivre comme leurs parents en s'entassant dans des dortoirs pour ne même pas gagner de quoi payer une assurance maladie ou leur retraite. Ils voudront aussi consommer ce qu'ils produisent et, s'ils y arrivent, ils n'auront plus besoin de faire des courbettes pour nous vendre leurs produits... Le coût du "made in China" va donc forcément grimper. Et si le vieillissement annoncé de la Chine ou le réchauffement climatiques entrainent des turbulences sérieuses, ça sera comme si l'atelier du Monde s'arrêtait de tourner. 

L'avenir de la société de la connaissance ne prendra peut être pas le chemin que nous imaginons... Tous médecins, avocats, commercial à haut revenus comme dans "Capital" ? Je ne crois vraiment pas... De manière un peu provoquante, l'employé de banque, le téléconseiller, le commercial de base et certains avocats sont délocalisables et automatisables en partie ou en totalité. Par contre je parierai plus le plombier, le charpentier, le chauffagiste et l'agriculteur. Et dans le tertiaire, le cuisinier, le restaurateur et l'aide ménagère ont un avantage décisif: il ne sont ni remplacables par une machine, ni délocalisables... 

Mais s'il y a un secteur dans lequel le choc sera considérable, c'est probablement celui de l'enseignement supérieur... 

A suivre...

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