Jusqu'où la salade grècque va t'elle nous pourrir la vie ? (1/N, N inconnu)
Là est la question... J'espérais qu'on n'aurait pas à se la poser maintenant mais hélas, le prévisible est arrivé plus tôt que prévu. Comme le fait remarquer Paul Krugman dans son dernier édito du NYT, pour calmer la crise actuelle, il n'y a que trois solutions:
- Que les grecs acceptent stoïquement la cure d'austérité qui leur est imposée. Mais vu leur réaction de ces derniers jours, ca semble mal barré. Il faut les comprendre: en 2500 ans, ils sont passés d'une civilisation florissante en plein polyteisme jouissif au statut de pays en faillite culpabilisé par des teutons psychorigides et saignés par des spéculateurs monothéistes. Il y a clairement de quoi être en pétard!
- Que la Banque Centrale Européenne s'assoie sur ses dogmes et commence à racheter des titres grecs. Bon, connaissant Jean-Claude Trichet, on imagine que c'est plus facile de lui demander de danser en tutu rose sur un tapis de billets de 500 euros.
- Que la France et l'Allemagne et les autres Etats de l'Union Européenne assez riches pour cela prêtent aux grecs de quoi tenir le choc. Mais là encore problème: la France est quasi fauchée et les Allemands n'ont absolument pas envie de raquer pour une bande de zozos qui font la teuf sous le soleil en sirotant des apéros avec des olives pendant que eux triment comme des brutes dans le Nord.
Du coup, l'heure est grave. Au point que le "tutu rose" de Trichet semble pointer son nez. En effet, le 3 mai, la BCE a annoncé dans un communiqué t; qu'elle renoncait à un de ses dogmes à savoir la notation minimale des titres souverains grecs qu'elle accepte en collatéral dans des opérations de crédits au sein de la zone Euro:
"The Governing Council of the European Central Bank (ECB) has decided to suspend the application of the minimum credit rating threshold in the collateral eligibility requirements for the purposes of the Eurosystem’s credit operations in the case of marketable debt instruments issued or guaranteed by the Greek government. This suspension will be maintained until further notice."
Ceci dit, on n'en est pas encore à une politique d'assouplissement quantitatif basé sur des rachats de titres souverains d'Etats de l'Eurozone susceptibles de faire défaut.
Du coup, si aucune des voies ci dessus n'est suivie jusqu'au bout et que la crise s'aggrave, que risque t'il de se passer. A vrai dire, ce n'est pas totalement clair. Le plus probable est que la Grèce prenne la trajectorie Argentine (voir l'Argentine: crise de 2001): sortie de la zone Euro, moratoire sur le remboursement des titres.
Et là, il faut s'accrocher car la sanction sera une dévaluation rapide de la monnaie Grècque qui remplacera l'Euro. Du coup les grecs verront leur avoirs fondre en unités monaitaires des autres pays et ils verront le prix de la plupart des biens flamber. Et ils feront ce qu'ont fait les argentins en 2001: prendre d'assaut les banques pour récupérer leur pognon... Normalement, ça devrait saigner au sens propre et l'onde de choc résultante aura deux effets: tétaniser les marchés européens et dissuader n'importe quel autre Etat de suivre la même trajectoire.
Et après ? Ben pas facile: un tel évènement nous ferait entrer dans une période où il est impossible de prédire les évènements de l'épisode N+1 à partir de ceux de l'épisode N-1.
A suivre...